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Alimentation La production laitière, un compromis entre énergie et protéines

L’Inra, l’Institut de l’élevage et Agrocampus Ouest ont conduit un essai montrant qu’en milieu de lactation, la production de lait et de matières augmente avec les apports énergétiques et protéiques. Mais que ces deux effets ne sont pas additifs. Explications.

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« Cette étude réalisée par l’Inra, l’Institut de l’élevage et
Agrocampus Ouest montre que le potentiel de la vache agirait
sur la partition des nutriments entre les différentes fonctions :
les fortes productrices orientent les nutriments prioritairement vers
la synthèse de lait, au détriment de leurs
réserves corporelles. » (© Terre-net Média)
Chez la vache laitière, le niveau de production et la composition du lait sont sous influence de l’alimentation apportée par l’éleveur, et en particulier sous l’influence des niveaux d’apport énergétiques et protéiques.

En laboratoire, il a été prouvée que plus ces apports augmentaient, plus la production s’élevait jusqu’à atteindre un plafond. Mais en pratique, les apports énergétiques et protéiques varient simultanément et la réponse de l’animal à ces changements est mal connue. De plus, la réponse de l’animal dépend également de son rang de vêlage et de son génotype.

Un essai, trois objectifs

Pour approfondir les informations sur le sujet, l’Inra, Agrocampus Ouest et l’Institut de l’élevage ont mené un essai sur la ferme expérimentale de Méjusseaume visant trois objectifs :

L’essai a été mené sur 48 Holstein réparties en 4 lots, en fonction de leur parité et de leur niveau de production. Dans l’essai, 9 traitements alimentaires ont été comparés les uns aux autres : « nous avons ajusté l’un des traitements sur les besoins du lot, les 8 autres ont été calculés en écarts fixes d’apport d’énergie et de protéines, en plus ou moins, par rapport aux besoins », expliquait le 2 décembre dernier Laure Brun-Lafleur (Inra), lors des 16e rencontres 3R à Paris.

Les résultats (lire ici la synthèse) indiquent « qu’en réponse à une augmentation des apports énergétiques, la production laitière, le taux et les matières protéiques augmentent d’autant plus fortement que les niveaux d’apports protéiques sont élevés ».

Interactions significatives entre ‘énergie’ et ‘protéines’

Ces résultats permettent ainsi d’avancer que l’interaction obtenue « est compatible avec l’hypothèse d’une réponse correspondant au plus limitant des deux facteurs : énergie et protéines ».
De plus, la réponse de la production laitière a été plus forte pour les vaches avec un fort potentiel de production que pour les vaches avec un potentiel moyen. Par ailleurs, les scientifiques ont constaté que la réponse du TP a été plus forte pour les primipares que pour les multipares.

« Lorsque les protéines disponibles sont limitées, les primipares, qui ont des besoins protéiques élevés pour leur croissance, pourraient privilégier cette fonction et, de fait, limiter la production de matières protéiques du lait. Il est donc primordial que l’éleveur couvre parfaitement les besoins protéiques des jeunes vaches pour permettre à la fois la production laitière et la croissance de l’animal. »

Enfin, maintenir un équilibre de la ration égal à 105 g de Pdie / Ufl permet de limiter les rejets azotés dans l’environnement tout en assurant une bonne production. « Pour augmenter la production laitière à travers l’alimentation, tout en limitant les rejets d’azote dans l’environnement, il est donc préférable d’augmenter les apports énergétiques et protéiques simultanément en maintenant cet équilibre de 105 g », poursuivait la spécialiste de l’Inra.

Le potentiel de la vache agirait sur la partition des nutriments

« On voit donc bien que la parité et le niveau de production sont deux caractéristiques conditionnant la réponse de la vache à l’alimentation » : en effet, à même apport d’énergie et de protéine, les vaches ayant le potentiel le plus élevé produisent plus et l’amplitude de réponse de production (pour un même écart d’apport autour des besoins) s’accroît avec la production laitière potentielle.

« On peut donc émettre l’hypothèse que le potentiel de la vache agirait sur la partition des nutriments entre les différentes fonctions : les fortes productrices orientent les nutriments prioritairement vers la synthèse de lait, au détriment de leurs réserves corporelles. »

Par ailleurs, le fait que le bilan énergétique baisse quand les apports protéiques augmentent peut s’expliquer par le fait que l’augmentation des apports protéiques provoque une augmentation de la production de lait et de matières. La vache mobilise donc ses réserves corporelles pour produire l’énergie nécessaire à cette production supplémentaire de lait.

« Les autres résultats laissent entendre que les protéines seraient principalement fournies par l’alimentation, même si la mobilisation de protéines corporelles est possible. » Les lois de réponses établies montrent que la production résulte d’un compromis entre deux facteurs : l’énergie et les protéines. « Mais elle serait déterminée en réalité par le facteur le plus limitant des deux, les réserves corporelles servant d’effet tampon. »

Pour aller plus loin : www.inst-elevage.asso.fr.

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